Les retards de paiement bondissent et atteignent 14,1 jours
D’après l’étude annuelle d’Altares sur les comportements de paiement, publiée le 18 septembre 2025, la situation en France continue de se dégrader. Les retards de règlement s’allongent et atteignent un très haut niveau. Voici les chiffres à retenir :
- À la fin du premier semestre 2025, les retards de paiement atteignent 14,1 jours en moyenne.
- C’est 0,6 jour de plus qu’à fin 2024 et 1,2 jour de plus qu’au premier semestre 2024.
- La France dépasse pour la première fois la moyenne européenne fixée à 14 jours.
- Moins d’une entreprise sur deux (45,2 %) règle ses factures à l’heure.
"En deux ans, le délai d’encaissement des factures s’est allongé de deux jours. Il s’agit de la pire trajectoire sur la période en Europe", souligne l’étude Altares.
Autre signal d’alerte : les grands retards se multiplient. Depuis fin 2024, plus de 9 % des payeurs repoussent leurs règlements d’au moins un mois, tandis que 3,8 % dépassent désormais les trois mois.
Grandes entreprises : les mauvais élèves persistants
D’année en année, le constat reste le même : les grandes entreprises sont de loin les plus mauvais payeurs. Plus la taille de la structure est importante, plus le retard s’allonge. Au premier semestre 2025, les entreprises de plus de 1 000 salariés accusent 20,6 jours de retard en moyenne. Celles comptant entre 200 et 999 collaborateurs se situent à 16,1 jours, contre 14,3 jours pour les structures de 50 à 199 salariés. Les PME de 10 à 49 salariés s’en sortent légèrement mieux avec 13 jours.
Ce déséquilibre crée une pression intenable pour les plus petites structures. Comme le souligne Thierry Millon, directeur des études chez Altares : "Ces factures en souffrance sont aussi, pour de nombreuses TPE et PME, une source de fragilisation profonde, d’usure psychologique face aux relances épuisantes dans un rapport de force parfois bien déséquilibré."
Secteur public : des retards plus lourds que dans le privé
La situation est tout aussi préoccupante du côté de l’administration, qui affiche même un comportement moins vertueux que le secteur privé. Le retard de paiement moyen y atteint 14,8 jours (+1,5 jour en 6 mois) , contre 13,3 jours dans le privé. Les collectivités territoriales et les Ehpad font figure d’exception avec des délais mieux maîtrisés (respectivement 13,6 jours et 13,2 jours). Mais ces efforts restent minimes comparés aux mauvais résultats de certains acteurs : les hôpitaux, qui dépassent 21 jours de retard, et surtout les services déconcentrés de l’État, véritables champions des délais avec 25,4 jours.
Pour Thierry Millon, l’explication réside dans « la lenteur de l’administration et les dysfonctionnements », qui minent structurellement le respect des délais. Et il ajoute : "Entre instabilité politique, tensions sociales, guerre commerciale et croissance modérée, les acteurs publics et privés naviguent à vue en cette rentrée de septembre 2025. Dans ce contexte toujours délicat, sécuriser sa trésorerie est une priorité. Le crédit fournisseur, en d’autres termes le délai de règlement, est alors bien souvent un levier privilégié."
Secteurs d’activité : de grandes disparités
Au-delà de la taille des structures, certains secteurs se distinguent par leur discipline ou, au contraire, par leurs dérapages. L’immobilier est en grande difficulté : les agences affichent 28,8 jours de retard et la promotion immobilière 26,3 jours. À l’opposé, le bâtiment fait figure d’exemple avec seulement 8,5 jours de retard au deuxième trimestre.
L’industrie, elle, règle ses fournisseurs avec près de trois jours de mieux que la moyenne nationale. Le commerce présente quant à lui un contraste saisissant : 10,2 jours de retard dans les matériaux de construction contre 27,2 jours pour les ventes hors magasin.
Ces écarts, cumulés, représentent un véritable fardeau pour l’économie. "Ces reports de règlement sont évidemment très préjudiciables pour les fournisseurs et sous-traitants. En cumul, ils sont évalués à 15 milliards d’euros par la Banque de France : autant dire qu’ils sont un frein au développement, à l’investissement et à l’emploi", alerte Thierry Millon.
En Europe : la France décroche
Cette détérioration n’est pas généralisée à l’Europe. Au contraire, certains pays affichent des comportements exemplaires. Aux Pays-Bas, le retard de paiement n’est que de 3 jours et en Allemagne, de moins de 7 jours. La Belgique (11,7), l’Irlande (12,7) et le Royaume-Uni (moins de 13) font tous mieux que la moyenne européenne fixée à 14 jours.
À l’inverse, le Portugal (24,5) et l’Italie (17) ferment la marche, tandis que l’Espagne, avec 14,9 jours, se rapproche dangereusement de la France.
"Nous sommes toutefois sur un plateau depuis quelques mois en France, ce qui peut faire espérer une baisse à venir. Reste que le contexte n’encourage pas à envisager un retour vers notre niveau historique de 12 jours dès 2026, au moins au premier semestre", nuance néanmoins Thierry Millon.
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Comment contrer les retards de paiement ?
Face à cette tendance lourde, une réalité s’impose : les retards de paiement ne sont pas une fatalité. Les entreprises qui s’équipent d’un logiciel de recouvrement comme LeanPay parviennent à réduire drastiquement leurs délais.
Alors que la moyenne nationale atteint 14,1 jours, les utilisateurs de LeanPay se situent à 6,5 jours seulement en juin 2025, soit une amélioration de 54 %.
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De même, quand 45,2% des entreprises payent à l’heure à l’échelle nationale, du côté de LeanPay, le constat est également meilleur : 57% en juin 2025.
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Les clés de cette performance :
- un suivi en temps réel de l’encours client et des retards,
- des scénarios de relance personnalisés,
- l’automatisation des tâches et relances (temps divisé par 4 pour les équipes opérationnelles),
- des encaissements accélérés grâce à une plateforme de paiement sécurisée,
- une gestion fine du risque client : scoring, suivi d’événements, limite d’encours conseillé, connexion directe avec Altares, Allianz Trade, Creditsafe, Ellisphere etc.
- le recouvrement judiciaire simplifié via la constitution d’un dossier complet (pièces comptables, historique des échanges, lettre de mise en demeure..) en 2 clics.
Si vous souhaitez en savoir plus sur LeanPay et voir par exemple une démo de notre logiciel, dites-le nous et on vous rappelle 📞.
Thierry Millon évoque également d’autres leviers. Selon lui, "la généralisation de la facturation électronique pourrait améliorer la situation… pour les bons payeurs." La réforme doit entrer en vigueur en septembre 2026.
En attendant, Thierry Millon évoque la possibilité d’instaurer une sanction financière pouvant atteindre 1 % du chiffre d’affaires des entreprises retardataires. En effet, en juillet dernier, avant sa démission, l’ancien Premier ministre François Bayrou avait annoncé son intention de durcir les sanctions à l’encontre des sociétés qui tardent à régler leurs partenaires commerciaux, en leur imposant une pénalité financière pouvant aller jusqu’à 1 % du chiffre d’affaires.
Aujourd’hui, le non-respect des délais de paiement reste passible d’une amende administrative pouvant atteindre 2 millions d’euros, avec publication par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Une proposition de loi devait être débattue au Sénat cet automne, mais le départ de François Bayrou pourrait retarder l’examen du texte.
Les discussions continuent, notamment autour de l’assiette qui sera retenue pour le calcul de l’amende. Thierry Millon précise : « Le gouvernement Bayrou souhaitait que ce soit le chiffre d’affaires total de l’entreprise. Retenir les revenus domestiques, comme le font les Anglais, serait plus réaliste ».